À partir de 1995 et face à l’élevage insuffisant de reines locales de type abeille noire, les apiculteurs français se sont tournés massivement vers des pays comme l’Italie ou la Grèce, où de véritables usines à reines produisent jusqu’à 100 000 individus par an.
Problème, en plus d’amener avec elles des pathogènes inconnus de l’abeille noire, ces reines issues des sous-espèces italienne (Ligustica), grecque (Cecropia ou Carnica) ou encore caucasienne (Caucasica) sont mal adaptées aux écosystèmes hexagonaux : types de fleurs disponibles, périodes de floraison, climat…
Ces reines pondent dès les mois de janvier-février, à un moment où il n’y a aucune nourriture disponible sous nos latitudes.
Pour éviter que les ouvrières issues de leurs œufs ne meurent de faim, il faut les maintenir artificiellement avec du sucre, ce qui empêche la sélection naturelle de faire son office et ne permet donc pas leur adaptation au nouvel environnement.
Autre problème de taille : ces importations massives provoquent un brassage génétique mal contrôlé par les apiculteurs et menacent de « polluer » le génome de l’abeille noire, à ce jour la mieux adaptée à nos latitudes.
S’il y a effectivement une seule reine par ruche, qui donne naissance à l’ensemble des ouvrières, celle-ci est fécondée par 15 à 20 mâles à la fois ! Difficile dans ces conditions de faire de la sélection, comme on le fait avec les végétaux ou les animaux domestiques.
Résultat : abeille noire, abeille italienne, grecque ou hybride de plusieurs sous-espèces…, plus aucun apiculteur ne sait ce qu’il a dans ses ruches !
C’est la raison pour laquelle il est primordial d’assurer la conservation et le développement durable de chaque sous-espèce de l’abeille domestique, et de l’abeille noire en particulier.
Il est nécessaire d’offrir aux apiculteurs hexagonaux une alternative aux reines italiennes ou grecques, et contribuer activement à la restauration des colonies.